GARY HOEY: Dust and Bones (2016)

Originaire du Massachusetts, Gary Hoey a sorti son premier disque en 1992 et a abordé différents styles au cours de sa carrière (hard, surf, rock, prog, blues). Il a également composé des musiques de films pour la télévision et le cinéma (notamment pour la firme bien connue de la souris aux grandes oreilles). Ce musicien cultive donc l’art de la pluralité au niveau des sons de guitares, des styles musicaux présentés et des techniques utilisées. Sa dernière galette est marquée par le blues et, autant le dire tout de suite, elle déchire un maximum ! Dès le début, ça commence fort avec « Boxcar Blues » et son intro au dobro qui déboule sur un blues-rock trapu à la ZZ Top cisaillé par une méchante slide. Un petit tour du côté du rock'n’roll-swing relevé d’une pointe de « Southern boogie » (du genre « I Know A Little » de Lynyrd Skynyrd) avec « Who’s Your Daddy » et son solo de gratte renversant, mélange savoureux de Johnny Winter et de Steve Gaines. Le blues-rock énervé « Born To Love You » rappelle un peu le ZZ Top de la fin des années 80 avec une guitare incandescente, un solo qui s’offre des intonations à la Billy Gibbons et un riff à la Jeff Healey. Un cocktail explosif ! « Dust And Bones » alterne des couplets relativement calmes et exécutés en arpèges avec des refrains proches du stoner. Le solo est impressionnant de technique et d’inventivité. Sur « Steamroller (tribute to Johnny Winter) », Gary Hoey rend hommage au légendaire albinos sur un rythme soutenu comparable à celui de « Rollin’ And Tumblin’ ». Étonnant ! Gary a vraiment réussi à choper le style de Johnny en slide et le solo laisse l’auditeur sur le carreau. La superbe ballade « Coming Home » se voit gratifiée de la voix de la hard rockeuse Lita Ford (dont Gary avait produit l’album « Living like a runaway ») et d’un solo de slide émouvant de beauté, mélodique et velouté dans le style de Duane Allman. Retour au blues-rock costaud avec « Ghost Of Yesterday » et sa ligne de guitare wah wah soutenant le refrain. Le solo, avec effet wah wah également, fait mouche. Une six-cordes pleine d’écho et de phasing décore magnifiquement « This Time Tomorrow » (un morceau lent dans l’esprit du « Stranger » de Johnny Winter). Le solo monte crescendo et nous replonge dans les grandes envolées de guitare des seventies. Gary fait preuve d’une maîtrise totale de son instrument et d’un sens mélodique remarquable. On peut danser sans problème sur « Back Up Against The Wall », un rhythm'n’blues rapide à la BB King avec une guitare volubile. Le solo nous fait voyager entre Chicago, le Texas et Memphis. Le heavy rock-blues « Blind Faith » bénéficie d’un rythme haché et hypnotique ainsi que d’une slide entêtante qui vrille le cerveau. On croirait Johnny Winter ressuscité. Incroyable ! L’album s’achève sur « Soul Surfer », un instrumental « surf » en mode mineur avec une Stratocaster très légèrement saturée, proche du son clair. Les phrases de guitare et les solos, toujours inventifs et jamais répétitifs, finissent de charmer l’auditeur qui n’a qu’une seule envie, celle de se repasser ce disque génial. Pas un seul morceau de remplissage et il n’y a rien à jeter. En résumé, on ne s’ennuie pas une seule seconde ! Décidément, cette année se révèle meilleure qu’il n’y paraît. Walter Trout est sorti de l’hosto et a repris le chemin de la scène. Le dernier disque de David Gogo cartonne à mort. Larry Miller se remet doucement de son AVC et caresse à nouveau sa guitare. Et Gary Hoey se défend à merveille avec cette galette enflammée. Que demander de plus ? Keep on rocking !

Olivier Aubry